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Text: Fabrice Biasino, Boghossian Foundation

Vico Persson s’applique à systématiquement mêler deux sortes de réalités, afin de questionner notre perception de celles-ci.

 

Des collages de fleurs associent par exemple de vraies photos de fleurs et d’autres générées par une intelligence artificielle, brouillant les pistes de notre compréhension.

 

De la même manière, dans une série intitulée Double Color, il confronte une version dessinée d’une couleur et son équivalent photographié. Dans sa série Forms of Residue (2022), il découpe, colle, superpose, insère des matériaux divers (peinture, emballage alimentaire, métal), jouant sur les plans et les couleurs à la manière des artistes Bauhaus en pleine recherche graphique, aux confins de l’abstraction et de la figuration schématique. Les peintures-collages conjuguent ainsi un minimalisme formel et une invitation à l’imagination, teintée de liberté, de méditation et d’introspection.

 

L’artiste s’affirme particulièrement passionné par l’abstraction, qu’il étend à sa façon d’appréhender la vie et son environnement. Vico Persson vit et travaille actuellement à Gand, où il a fondé Ti-Pi Art Space, un lieu d’exposition et d’échanges entre jeunes artistes.


Il dirige également le programme de résidence d’artistes à la Fondation Josef & Anni Albers à Paris, une tâche par laquelle il s’engage à défendre les valeurs développées par le couple au Bauhaus et dans leur carrière d’enseignants aux États-Unis.

Text: Youri Hammache-Sigour

« Rien n’est mal qui est selon la nature »

Marc Aurèle
 

Il y a dans les séries « Double Truth » et « Twin Flowers » de Vico Perrson, au-delà d’un processus créatif similaire, une même volonté de nous confronter à la relativité de nos perceptions face à une image. En nous mettant face à un simulacre, des simulacres, dédoublés voire superposés comme pour saturer et perdre ou du moins questionner notre jugement analytique.

Que faut-il voir, ou distinguer ?

Dans les deux cas, l’artiste puise dans le réel, en sélectionnant des objets à la matérialité et historicité avérées — un artefact de verre tiré des collections du Design Museum de Gand ; une illustration de tulipe tirée d’un ouvrage de botanique du XVIIIe siècle — qu’il photographie. Puis entre en jeu l’IA à laquelle Vico s’en remet tel à un sphinx pour générer ce qui devrait être selon elle l’idée de ce même objet ainsi reproduit. L’image révélée tient alors de l’impossible et du possible, d’une synthèse d’idéal et du commun, d’imaginaire collectif comme de pure création algorithmique ; mais elle s’affirme avant tout en tant que vérité, désormais autant perceptible que l’original, en s’y superposant. Si cette mise en page nie magistralement toute idée de doublon, de copie conforme, — par l’absence évidente d’une stricte ressemblance — elle vient confirmer une théorie chère à Vico : celle d’une coexistence des réalités, en l’occurence des mondes visibles, révélée par le hasard et son imprédictibilité présente jusque dans l’IA. De sorte que même la plus normative des technologies ne peut remettre en cause ces singularités multiples, ces « doubles réalités » que la relativité de nos perceptions permet encore et toujours d’entrevoir.

Et dans un monde où tout semble à la fois représentation et libre copie de quelque chose qui l’a précédé, une telle juxtaposition tend de fait à se jouer de nos sens et de notre faculté à déceler le vrai du faux car là n’est pas la question, l’objet « réel », représenté étant d’emblée lui-même techniquement une reproduction photographique. Par-delà les jugements de valeur et d’authenticité, la vision du simulacre que propose ici Vico rejoint en cela la définition qu’en a donné Deleuze : « Le simulacre n’est pas une copie dégradée, il recèle une puissance positive qui nie et l’original et la copie, et le modèle et la reproduction.1 ». Soit une négation productive qui se lit dans la créativité réitérée de ces photomontages en premier lieu. Lesquels nous rappellent que l’oeuvre d’art, d’après une conception mimétique plurimillénaire, a été, est et sera toujours un simulacre de la nature.

* 1
Gille Deleuze, Logique du sens, Paris, Minuit, coll. “Critique”, 1969, p.74

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